Chabatz d'entrar !

Chabatz d'entrar !

Jeux de cours d'école au XXème siècle

 

Au début du siècle dernier, nombreuses étaient les écoles non-mixtes.

Il y avait l’école des filles et l’école des garçons. (quand le nombre d’écoliers le permettait bien sûr !)

La récréation était pour tous un moment de détente.

 

Mais à quoi pouvaient-ils jouer pendant ces moments ?

 

Approchons-nous de l’établissement.

D’abord, on entend de nombreux cris d’enfants. Une cour de récréation, c’est très bruyant.

 

Approchons-nous encore et observons :

 

 

 

  •  Les écoliers sont revêtus d’une blouse noire, grise ou bleu foncée, pour ne pas se salir et pour qu’ils soient tous à égalité

  •  Les garçons portent une pèlerine noire, un béret sur la tête  et de grosses chaussures.

  • Les filles portent aussi une pèlerine noire avec une capuche et de grosses chaussures

 

Dans la cour des garçons, certains sont accroupis : ils jouent aux billes. C’est leur jeu préféré.

Dans un petit sac, elles sont là, bien cachées. Le plus souvent, elles sont en terre cuite.(les moins chères)

Au-dessus, on trouve la bille de verre qui peut valoir entre 10 et 50 billes de terre et au-dessus encore, la bille de fer ou d’acier, qui elle, vaut au moins 100 billes de terre.

Les règles du jeu ont peu varié au cours du temps. Les deux jeux les plus courants étant, l’un d’amener sa bille dans un trou en tirant le moins de coups possibles tout en chassant la bille de l’adversaire, chasser le plus grand nombre possible en les tirant à l’aide de sa l’autre étant de placer des billes dans un triangle ou un carré et d’en propre bille. Mais il existe de nombreuses façons de jouer aux billes.

Les billes ont porté des noms très variés et avaient chacune leur valeur. Les garçons connaissent bien.

 

Un autre jeu, calme chez les garçons, les osselets.

On demandait aux chevillards s’ils pouvaient mettre de côté 5 osselets d’agneaux (aujourd’hui ils sont en plastique). 4 restaient « nature », le 5ème peint (souvent en rouge, et on l’appelait « la mère ».

La règle du jeu est la suivante : il ne faut pas faire tomber « la mère ». On a le droit de rapprocher les osselets les uns vers les autres. Un par un : il faut lancer la mère en l’air et vite, prendre un osselet blanc, et rattraper la mère avant qu’elle ne tombe. On peut varier : en attraper 2 en même temps, 3 et 4.

 

Autre jeu d’adresse : la toupie. Il consiste à chasser du territoire de jeu la toupie de son adversaire

 

D’autres écoliers participent à des jeux plus « physiques » : Ils jouent

 

  • à la balle au prisonnier : Deux équipes s’affrontent sur un terrain divisé en deux. Chaque partie comprend une prison. Les joueurs d’une équipe doivent toucher ceux de l’équipe adverse avec un ballon. Lorsqu’un joueur est touché, il va dans la prison de l’autre équipe. Pour s’en délivrer, il doit toucher un joueur de l’équipe adverse, qui sera à son tour prisonnier
  •   à « Je déclare la guerre à.. »

  • à saute-mouton : Un des joueurs (A) se penche en avant et pose ses mains sur ses cuisses. Un autre (B) doit sauter par-dessus A en prenant appui des deux mains sur son dos. Le nombre des joueurs est illimité.
  • au gendarme et aux voleurs
  •    à chat perché : Un joueur est désigné comme le chat et doit toucher les autres (souris).Le joueur qui est touché devient le chat et ainsi de suite.
  •   au jeu du béret : Deux équipes sont formées et assises face à face, en ligne. Au centre, un objet (foulard, chapeau…), appelé le béret. Dans chaque équipe, tous les participants ont un numéro, qu’on leur a attribué avant la partie. Une personne, neutre, appelle un numéro. Les deux personnes portant ce numéro, doivent se lever, aller chercher le béret et le rapporter dans leur camp. Si l’un des deux joueurs saisit le béret et que son adversaire le touche avant qu’il n’ait atteint son camp, c’est l’équipe adverse qui remporte le point.

 

*Chez les garçons les « accidents » étaient nombreux et les vêtements  vite usés, vite déchirés .

 

Chez les filles les jeux sont plus calmes

Elles jouent :

 

  •  à la ronde en chantant : Le fermier dans son pré , Dansons la Capucine, Sur le Pont d’Avignon, la fille du coupeur de paille, et beaucoup d’autres que j’ai oubliées

Nombreuses étaient ces rondes

-             à s’accroupir

-             à choix

 

 

Autres jeux utilisant les comptines :.

 

 Les filles se tiennent face à face par les mains. Elles font une sorte de pont. Les autres passent dessous. A un moment donné on emprisonne la une des fillettes de la chaîne dans les bras et on lui pose tout bas la question « Pierre ou Jean ? » « Poire ou cerise ? »…Suivant la réponse, elle est envoyée dans l’un ou l’autre camp et vient se ranger derrière son « chef »

  • l a p’tite hirondelle
  • à la marelle

Diverses marelles pouvaient être utilisées pour ce jeu : la marelle à carrés, celle en escargot et celle en croix. ou avion. Personnellement, j’ai surtout joué à la marelle en croix.

                       

 

Il s’agissait  de pousser ou lancer un caillou plat ou boîte (pour moi, une boîte de cirage remplie de sable ou de cailloux) dans une case bien déterminée. Sur une ligne et on avait perdu.

Les trajets se faisaient sur un pied, pieds joints, pieds croisés…

 

  • à la chandelle : Les enfants sont assis en cercle, sauf un qui tient dans sa main un mouchoir. Il tourne autour du cercle pendant que les autres fredonnent une chanson (la chanson du facteur par-exemple). Soudain il va laisser tomber très discrètement le mouchoir derrière l’un de ses camarades et finit son tour pour aller s’asseoir à la place libre. Si le camarade découvre le mouchoir, il se lève et essaie d’attraper le premier avant que celui-ci se rassoie. S’il y parvient, il se rassoit et le premier recommence. S’il n’arrive pas à le rattraper, il prend sa place et fait le tour du cercle…le jeu reprend. Si le camarade ne se rend pas compte à temps que le mouchoir est derrière lui, il devient la chandelle et doit se poster au centre du cercle. Il ne sera délivré que si un autre enfant devient chandelle à son tour.
  •   à la corde à sauter
  •   à la balle au mur : Partie simple, sans bouger, sans parler, sans rire, sans pleurer, avec une main, l’autre main, sur une jambe, l’autre jambe, petite tapette, grande tapette, petit rouleau, grand rouleau….
  •  à greli-grelot : dans les deux paumes rassemblées en conque, on agite un certain nombre de cailloux en chantant : « greli-grelot, combien de grelots dans mon sabot ? Y’en a… » L’autre devait deviner le nombre de cailloux en écoutant le bruit.
  •  A la ficelle : à l’aide d’une ficelle, on réalisait un certain nombre de figures dont la Tour-Eiffel.

 

 

Bien sûr il y a aussi des jeux plus physiques

 

  •    colin-maillard : Un joueur, les yeux bandés, doit reconnaître les autres en touchant leur visage

 

  • chat perché, saute mouton
  • un, deux, trois, soleil
  • où sont les cerfs ?
  •  à cache-cache
  • au croquet, comme en témoigne cette carte postale d'un pensionnat de Châlus

chalus-colonie de jeunes filles au pensionnat du chateau.jpg

 

Chez les filles on chante beaucoup mais la langue aussi travaille beaucoup :  on se chamaille souvent. On se » traite » de crâneuse, de commandeuse, de rapporteuse, de « elle fait son intéressante »…

On ne se fait pas de « cadeau ». Un jour, on n’est plus copine, le lendemain, on le redevient….Des chamailleries dont les parents ne prennent pas partie.

 

 

 

Aujourd’hui les écoles sont mixtes mais entre 6 et 10 ans, garçons et filles jouent peu ensemble. il reste encore des jeux spécifiques aux garçons et aux filles.

 

Au cours de ce petit pèlerinage ludique, j’ai sûrement oublié des jeux. C’est si loin pour moi !

 

Je n’ai parlé que des jeux autorisés à l’école mais il y en avait de nombreux autres car les enfants continuaient de jouer ensemble en dehors de la classe : je me souviens des coquilles de noix qui se transformaient en barques et qui « naviguaient »sur l’eau qui coulait dans les caniveaux.)

 

 Pas de télévision pour les retenir à la maison.

Peu de familles partaient en vacances. On jouait beaucoup le soir :

- dans la rue avec les copains et les copines quand le temps le permettait.

- aux mauvais jours, avec les parents à des jeux de société : jeu des petits     chevaux, jeu de l’oie, jeux de cartes (belote ou bataille)

 

Bien que les parents aient eu besoin de leurs enfants dans leurs travaux journaliers, ces derniers trouvaient toujours le temps de jouer.. C’était la période de l’insouciance.

Hélas, elle était très courte car après l’obtention du certificat d’études primaires vers 11-12 ans, on entrait dans le monde des adultes et du travail.

Et sans certificat d’études, on devait quitter l’école à 13ans (instruction obligatoire de 6 à 13 ans). 

 

Sources : Souvenirs personnels + lectures diverses dont « Nous les Filles de Marie ROUANET »

Photos personnelles + photos d’un ouvrage « Il était une fois l’ECOLE des Gaulois au milieu du 20ème siècle de Monique et Alexis BETUS Collection nos Terroirs , nos racines

 

 

Voici un article paru dans le Figaro le 24/10/2006 (auteur : Marie Estelle PECH)

ÉDUCATION Quelques écoles ont décidé de ré-instaurer les jeux traditionnels à la récréation.

 

« MADAME, madame, donnez-nous des craies, on veut jouer à la marelle ! » À l'approche de la récréation, dans l'école de Nathalie Bruas, professeur d'une classe de 17 élèves à Curnier (Drôme), ce jeu immémorial recueille tous les suffrages et des marelles de toutes les couleurs fleurissent sur le sol. Dans cette école rurale située dans une petite ville de 7 000 habitants, l'institutrice a décidé, depuis un mois, de remettre au goût du jour les jeux traditionnels : « Je voulais changer ce qui se passait à la récré, j'avais l'impression que les enfants soit se disputaient facilement, soit tournaient en rond et restaient dans leur coin », explique-t-elle. En quelques jours, elle leur apprend les règles de la marelle, les jeux de bille, les osselets ou encore le jeu de la ficelle qu'ils ne connaissaient pas. Elastiques, cordes à sauter et rondes sont aussi au programme. Depuis, l'ambiance est « un peu plus tranquille même si les disputes sont toujours présentes. Il y a davantage d'interactions entre les enfants, ils se parlent plus. » Obligés de respecter les règles des jeux, « ils sont davantage canalisés. Le jeu permet de juguler les conflits », assure-t-elle, heureuse de transmettre un patrimoine parfois « oublié ». Les parents, eux, « sont ravis. Ils retrouvent un peu de leur enfance ».

 

La transmission ne se fait plus

 

Trois autres écoles de la Drôme se sont lancées dans l'expérience sous le regard bienveillant de Valérie Karpouchko, auteur d'un livre Les Jeux de récréation (Ed. du baron perché) et qui se donne pour mission de « transmettre les jeux traditionnels ». Déjà au Moyen-Âge, explique-t-elle, « on jouait à la corde à sauter. Et si vous regardez un tableau de Brueghel, tous ces jeux sont représentés. La marelle, elle, est connue en Afrique et en Amérique ». Or, dit-elle, la transmission ne se fait plus : « Les trentenaires ne connaissent plus vraiment les règles même s'ils ont joué à ces jeux étant petits. » Dans les cours de récréation, on joue souvent à chat perché ou au football. On échange parfois des images de Pokémon, de footballeurs ou autres figurines. Mais certaines écoles interdisent désormais les jeux de bille, la corde à sauter ou l'élastique. Par peur des accidents...

 

Marianne Laplaud, dite Mamie Marianne


23/11/2006
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