Chabatz d'entrar !

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Le roi des glandeurs

Ils sont un maillon de la préservation des espèces
"Glandeur" un métier difficile !


Durant quatre jours ou plus si prolongations, ils vont ramasser les glands dans la forêt des Vaseix, aux portes de limoges. Une activité peu connue.

Bien sûr, le jeu de mots était facile, mais "glandeurs", c'est ainsi qu'on les désigne le plus souvent, et ils ne s'en offusquent pas. Le terme n'existe que dans le sens populaire que l'on connaît, et c'est bien dommage. Pourtant, "glandage" figure dans le dictionnaire désignant le lieu où l'on recueille les glands ou l'action de recueillir des glands, la "glandée" désignant la récolte de glands. Fermons la parenthèse.

Gwerlahonna Couturier et Jean-Chistrophe Raoul sont en fait des saisonniers. Ils ne recueillent pas que des glands. Les deux Nantais mènent une vie de nomades au gré des chantiers. Le ramassage des glands est une activité peu connue et physiquement difficile : le plus souvent, le ramasseur est à genoux pendant de longues heures sur les feuilles et la mousse humides. Ils sont aujourd'hui concurrencés par les sangliers qui vous nettoient une parcelle en un rien de temps. Dans les campagnes, on le pratiquait pour nourrir les cochons, ou ces derniers venaient se servir sur le terrain-Le coup de vent de la semaine dernière a précipité la récolte et nos deux "glandeurs" sont sur le chantier des Vaseix pour quatre jours pour le compte de la société Vilmorin ; durant ce laps de temps, ils auront ramassé à peu près 500 litres, « cette année n'étant pas un grand cru » ; ils reviendront sans doute plus tard après avoir écumé d'autres chantiers. Ce sont eux qui opèrent la première sélection: il laissent les glands troués par les vers ou avortés. Le pépiniériste intervient ensuite : il les fait germer artificiellement et les stocke dans de grands sacs fermés avec des scellés ; traçabilité oblige, sur une étiquette figureront tous les renseignements nécessaires, notamment l'origine des graines. C'est une façon de préserver l'espèce et le rôle du pépiniériste est alors important. Ainsi, les glands des chênes rouges d'Amérique de la forêt des Vaseix pourront revenir au berceau pour un éventuel repeuplement.

Peuplement classé

On ne ramasse pas les glands n'importe où : « Depuis le 22 mai 1971, explique jeanLuc Lacorre, agent patrimonial de l'ONF, les graines "élevées" par les pépiniéristes forestiers doivent provenir de peuplements classés. 48 essences sont soumises à cette réglementation : 24 feuillus (chênes pédonculé, sessile, rouge ; châtaigniers, hêtres, merisiers et peupliers), 24 résineux (douglas vert, épicéa, mélèzes, pins et sapins...). Ces peuplements ont été choisis par différents services forestiers et de recherche forestières, ONF, Draf, Cemagref..., c'est ensuite validé par un arrêté ministériel. Ils sont choisis pour leurs différentes caractéristiques visibles et non visibles : leur croissance, la forme du fût, la branchaison, la densité du bois et des caractères génétiques moins visibles comme la tardivité du débourrement (quand le bourgeon éclate), la résistance au froid ».

Ainsi, sur les 105 ha de la forêt des Vaseix, 10 ha de chênes rouges sont classés. C'est là que s'étend le vaste chantier de nos ramasseurs.

Extrait du populaire du Centre du Mardi 10 octobre 2006 Auteur Jean-Loup PROVOT



12/10/2006
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