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Senta-Barba (Sainte-Barbe)

SENTA-BARBA

SAINTE-BARBE

Entre quilhs mendiants, i avia de tota gent.

Parmi ces mendiants, il y avait toute sorte de gens.

 A beucop auvit parlar d’un que, fauta de saber son nom e a causa de sa granda barba, lapelavari Senta-Barba.

J’ai souvent entendu parler de l’un d’eux que, faute de savoir son nom et à cause de sa grande barbe, on appelait Sainte-Barbe.

 Senta-Barba, quo éra pas qui que sia.

Siant-Barbe, n’était pas n’importe qui.

 Disian qu’avia estudiat, que la testa li en viret, et que se botet aitau de correr per lo païs.

On disait qu’il avait longtemps étudié pour être médecin, et peut-être trop étudié, puisque la tête lui tourna, et qu’il se mit ainsi à vagabonder dans tout le pays.

 Si era fou, segur n’era pas bestia.

Mais s’il était fou, certainement il n’était pas idiot.

 Estudis o pas , medecin o be non, coneissia las erbas que garissan, e’na part de son temps ne’n culhissia per los erboristas.

Etudes ou pas, médecin ou non ,il connaissait les herbes qui guérissent et il passait une partie de son temps à en cueillir pour les herboristes.

 Un cop, passet chas nos.

Une fois, il passa chez nous.

 La paubra Mairina, laidonc tota jouna, sufria de sos uèlhs, que ne’n vesia mas la meitat de son aise.

La marraine, alors toute jeune, souffrait des yeux, elle n’y voyait à peine.

 -         E que lai fas-tu ? li disset Senta-Barba. Fadassa !

-         Que fais-tu à cela ? lui dit Sainte-Barbe. Sotte !

 Fai la tisana de fuelhas de nogier. Beu ne’n ‘na tassa tots lo matins. Veiras que quo te fara dau ben..

Fais de la tisane de feuilles de noyer. Bois-en une tasse chaque matin. Tu verras , ça te soulageras.

 E la pomada dau ‘poticari, passa la ‘ près ton trafinaud, te fara tant de ben per debas coma per denaut.

Et la pommade du pharmacien, passe-la à ton…, elle te fera autant de bien par le bas que par le haut.

 La paubra Mairina faguet de la tisana, e se’n trobet mielhs que de la pomada…Chau be creire pertant que Senta-Barba, de tota manièra, auria beleu be garit lo monde, mas n’auria pas fach un bon medecin.

La pauvre marriane fit la tisane et s’en trouva mieux que de la pommade. Cela donne à penser, pourtant, que Sainte-Barbe, de toute manière, aurait peut-être guéri ses malades, mais il n’aurait pas fait un bon médecin.

 Extrait de « Contes Populaires et légendes du Limousin »

Transcription : Marianne LAPLAUD, dite Mamie Marianne

 

 



06/11/2006
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