Connaissez vous la famille Raymondie à Bosmie l'Aiguille ?
Propriétaires du magasin « Pêle-mêle », les Raymondie ont marqué l'histoire de Bosmie-l'Aiguille. Au grand bazar de ses souvenirs, Albert n'a pas encore fait le tri. Il y a tant de choses à ne pas oublier. aucune rue, aucune place de Bosmie-l'Aiguille ne porte le nom des Raymondie. Cette famille a pourtant marqué l'histoire de la commune. Leur fief se situe après le pont. Tout de suite à droite. C'est là qu'Augustine possédait un restaurant. A côté, étaient installés ses deux fils. Roger le boucher, et Albert. Facteur, le mari d'Augustine connaissait tous les habitants de Bosmie, de l'Aiguille et de Charroux.
La grande époque de « Pêle-mêle »
Albert a commencé comme coiffeur. Mais en 1944 il inaugure juste à côté du café-restaurant de sa maman le magasin « Pêle-mêle ». Une véritable caverne d'Ali-Baba. Les ménagères, les bricoleurs, les jardiniers, les pêcheurs, les couturières s'approvisionnent dans cette boutique riche en articles improbables. Le local (le 130 m² ne desemplit pas. Soucieux de développer son activité, il fait l'acquisition d'un camion pour effectuer des tournées dans les villages environnants. Mais il n'a pas le temps et laisse cette mission à son collègue de Charroux.
Connus et estimés, les Raymondie sont presque incontournables à Bosmie. Augustine est la créatrice du premier dépôt de presse. En 1981, elle est récompensée par l'Union nationale des diffuseurs de presse et de l'édition en reconnaissance pour son dévouement au service de la presse. Nommée chevalier dans l'Ordre national du Mérite, Augustine n'a jamais voulu être décorée. Les médailles, les honneurs, les Raymondie ne courent pas après. D'ailleurs, en 1986, lorsqu'ils ont baissé le rideau du magasin après 42 ans de bons et loyaux services, ils sont partis dans la plus totale discrétion.
Les fameux concours de péche
Albert s'est beaucoup investi dans la vie de la commune. Dans les années 50, il devient l'une des chevilles ouvrières de la fête locale. Outre les manèges et les différentes attractions, cette manifestation qui se déroule le premier dimanche de juillet est surtout réputée pour son concours de pêche. Il réunit tous les ans plus de 300 participants venus d'Aixe-sur-Vienne et de Limoges. « Le premier prix était un fût de 50 litres de vin », explique Albert. Ces jours-là le restaurant d'Augustine est plein à craquer. Et toute la famille se mobilise pour le service. « Parfois les gars arrivaient la veille. Ils couchaient par terre dans une salle du restaurant. Le lendemain nous leur servions le petit déjeuner » poursuit-il. Dans cet établissement, fête communale ou pas, il se passait tous les dimanches quelque chose.
Avec Pierre Auzeméry, patron des « Deux Rivières », autre bonne table du bourg, les liens sont plus qu'amicaux. « Les chaises et les tables traversaient la rue. Il n'y avait pas la même mentalité qu'aujourd'hui. C'était convivial », souligne Albert. Marcelle et Albert s'accordaient quinze jours de congés en août. Le reste de l'année, l'emploi du temps était précis. Le mercredi, Albert se rendait à Limoges pour s'approvisionner. Là, il retrouvait ses copains Emile Pélissier, coiffeur rue Montmailler, et Siblat le tailleur. Le lundi, jour de congé hebdomadaire, il se prélassait sur les bords de l'étang de Breteix, près de Vaulry. Les parties de pêche étaient mémorables. « Une année, j'ai attrapé une trentaine de brochets », assure-t-il. Aujourd'hui, Albert se sent un peu seul. La plupart des ses amis ont disparu et les nouveaux habitants ont apporté une mentalité qui lui déplaît. Les gens sont devenus égoïstes, méprisants. « Ah ! c'était la belle vie », regrette-til.
Installé de l'autre côté de la rue, face à son ancienne boutique, il aime se remémorer le bon temps. Celui des copains, des fêtes, des concours de pêche. Dans son «Pêle-mêle » intime, il n'a pas encore trié ses souvenirs. Le fera-t-il un jour'?...
Textes de Jean-François JULIEN, photos B AZZOPARD, J F JULIEN, Collection Paul COLMAR.
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