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Adrien TIXIER

Fils de Pierre-Edouard Tixier, maréchal-ferrant, et de Marie-Françoise Derosier, Adrien Tixier est remarqué très tôt par son instituteur qui parvient à convaincre son père de le laisser poursuivre ses études. Il quitte alors son village de Folles et devient élève maître à l'Ecole normale des instituteurs de Châteauroux. Il est professeur de l'enseignement technique lorsqu'il est mobilisé en août 1914 comme officier de réserve. Grièvement blessé dans les Ardennes, il est amputé d'un bras (28 août 1914) et gardera toute sa vie de graves séquelles de ses blessures. De retour à la vie civile en 1915, il poursuit sa carrière dans l'enseignement comme instituteur puis comme professeur à l'Ecole supérieure professionnelle d'Albi. Fondateur en 1917 de l'Union fédérale des anciens combattants, il abandonne l'enseignement pour devenir secrétaire général de l'office départemental des pupilles de la nation et vice-président de l'Union fédérale des associations françaises de mutilés de guerre et anciens combattants.

Militant à la SFIO, il est appelé en 1920 par Albert Thomas (1838-1932), député et ancien ministre des armements, lors de la fondation à Genève du Bureau international du travail. Tixier en devient chef du service des assurances sociales (1923) puis sous-directeur, chargé de la législation internationale du travail (1936). Le 20 juin 1940, il s'oppose publiquement au choix de l'armistice, puis quitte Genève pour représenter le Bureau international du travail aux Etats-Unis. Bien que socialiste, il n'hésite pas à se mettre au service du général de Gaulle. En novembre 1941, celui-ci le désigne comme représentant officieux de la France libre à Washington, car il est « réputé être un homme loyal et solide. » (Mémoires de guerre). On peut noter qu'Adrien Tixier, accompagnant Christian Pineau à Londres en avril 1942, joue un rôle décisif pour convaincre le général de Gaulle de diffuser une déclaration affirmant sa fidélité à la démocratie et aux principes républicains. En contrepartie, il milite activement pour que Roosevelt reconnaisse la France libre, travaillant en collaboration avec l'association « France forever », foyer de la propagande gaulliste aux Etats-Unis. Il participe notamment à la manifestation du 14 juillet 1942, le « Bastille Day », puis en novembre 1942 à la mission catastrophique d'André Philip visant à protester auprès de Roosevelt contre les accords conclus entre Eisenhower et Darlan. Le 7 juin 1943, le général de Gaulle le récompense de sa fidélité en le nommant commissaire au travail et à la prévoyance sociale du comité français de libération nationale d'Alger, puis commissaire aux affaires sociales (novembre 1943). A ce titre, il intervient à l'Assemblée consultative provisoire sur la fixation du budget général du comité français de libération nationale (6 janvier 1944), ainsi que sur les mesures à appliquer à la libération (31 mars 1944).

Rentré à Paris le 2 septembre 1944, il se voit offrir par le général de Gaulle le portefeuille du travail et de la prévoyance sociale (5 septembre), puis, quatre jours plus tard, celui de l'intérieur dans le Gouvernement provisoire de la République française. Etranger aux luttes de courant internes à la Résistance, responsable du maintien de l'ordre, il prononce la dissolution des milices patriotiques, crée la Direction de la sûreté du territoire et réorganise toute l'administration. « Plus dur encore pour lui-même que pour les autres » (A. Depreux), il révoque tous les directeurs généraux ainsi que plus de 7 000 fonctionnaires. Il organise dans des conditions très difficiles les premières élections municipales, cantonales et législatives, de mai à octobre 1945. Responsable de l'Algérie lors du soulèvement du Constantinois (mai 1945), il assume la répression avec fermeté, mais s'oppose à l'abrogation de l'ordonnance du 7 mars 1944, pourtant exigée par les colons. Devant l'Assemblée consultative, il prononce d'ailleurs un discours dans lequel il propose un programme de réformes pour l'Algérie (18 juillet 1945). Siégeant en tant que ministre au comité directeur de la SFIO, représentant du canton de Bessines-sur-Gartempe au conseil général de Haute-Vienne, il en devient président en octobre 1945, et il siège jusqu'à sa mort. Il se présente à l'élection du 21 octobre 1945 en tête de liste SFIO-UDSR, bénéficiant d'appel du Comité d'entente SFIO-Mouvement de libération nationale sur sa profession de foi. Il est élu avec 83 849 voix sur 165 927 exprimés, soit plus de 50% des suffrages.

Mais son état de santé, découlant des séquelles de ses blessures de guerre, ne lui permet pas d'exercer bien longtemps son mandat de parlementaire. De même, en janvier 1946, il ne peut participer au gouvernement de Félix Gouin, où un poste lui était promis. Une opération de la dernière chance, visant à extraire une balle logée dans sa tête depuis 1914, provoque sa disparition. Son décès, annoncé à l'Assemblée nationale, le 19 février 1946, suscite l'émotion générale. Inaugurant une plaque à sa mémoire dans le hall d'honneur du ministère de l'intérieur, le 19 décembre 1958, le général de Gaulle saluera son « exemple admirable parce qu'il était d'abord un homme, puis un syndicaliste, puis un socialiste républicain, et puis un Français. Tout cela, il l'a a apporté tout entier au service de la France. » Décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre, Adrien Tixier était chevalier de la Légion d'honneur.

Notice biographique de l'Assemblée Nationale.

Consulter l'ascendance d'Adrien TIXIER (fichier pdf)



04/01/2008
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