Entrons chez nos Ancêtres entre le XVIe et le XIXe siècle
Transcription de Marianne Laplaud, dite Mamie Marianne
« D’emblée, nous nous trouvons dans la pièce principale…..Dès l’entrée, une sensation s’impose à nous, faite d’étonnement, d’inquiétude et de répulsion.
D’abord ces gens vivent dans le noir. En effet, il leur fallait choisir : la chaleur ou la lumière. A vrai dire, nos ancêtres passaient leur temps, inefficacement d’ailleurs, à tenter de se réchauffer. De ce point de vue, mise à part la différence de qualité calorifuge des vêtements, riches et pauvres se voyaient logés à la même enseigne : qu’ils fussent en un château du bord de Loire ou dans une baraque en lisière de forêt, tous grelottaient.
Blottis devant l’âtre, les pieds enfouis dans la paille au risque de provoquer l’incendie, malgré des mouvements périodiques de volte-face, ils brûlaient le devant exposé au feu, tandis que l’arrière gelait…..
A l’obscurité s’ajoute une odeur forte, indéfinissable, indicible. C’est que d’abord la pièce n’est ni dallée ni carrelée : tous marchent à même la terre qui, à force de piétinement, s’est tassée au point de former une sorte de croûte. Le balai de bruyère, d’ajonc ou de quelque autre végétal a baeu faire, le nettoyage ne peut être que superficiel ; la boue et les saletés rapportées de l’extérieur, les eaux sales et les liquides renversés, les excréments des enfants, les animaux domestiques et parasites, qui vont qui viennent en toute liberté, ont imprégné le sol d’où se dégage une senteur âcre qui nous étreint. S’y ajoutent encore les exhalaisons des habitants, vivant tous dans cette pièce, et les effluves culinaires émanant du pot toujours suspendu à la crémaillère et dans lequel bout à longueur de journée, l’éternelle soupe, plat à peu près unique et permanent du paysan français durant des siècles. A vrai dire, en pénétrant chez nos aïeux, un haut-le –cœur nous soulève l’estomac. Non pas qu’ils aient été réellement « sales » mais la conception de la propreté et de l’hygiène n’était pas la nôtre et d’ailleurs ils n’en avaient pas les moyens.