Incendies à Folles
Voici les notes du curé Puychaffet et du maire de Folles, personnages que nous avons déjà rencontré (voir article sur Folles ) , concernant deux incendies sur le territoire de la commune de Folles :
Incendie à la Villette
Un sinistre épouvantable vient frapper le village de La Villette commune de FOLLES, arrondissement de BELLAC . Le 16 août 1856 à midi, on avait faiblement entendu le tonnerre lorsqu'un incendie se déclara dans le grenier de la maison de François PINTURIER dit « Canard » et dans la grange contiguë où était la récolte.
Les flammes poussées par un vent très violent s'étendirent en un instant sur tous les autres bâtiments et dans moins de vingt minutes, malgré de prompts secours, tout le village : vingt deux maisons habitées, trois non habitées, granges étables, hangars récoltes, mobilier, bergeries, 80 brebis, deux porcs disparurent dans un vaste brasier.
La rapidité avec laquelle le terrible élément poursuivait ses ravages a empêché de rien soustraire à son activité dévorante. Une pauvre femme veuve nommée PACAUD Françoise âgée de 49 ans qui cherchait à arrêter les progrès du feu et à sauver quelques objets de la maison, a eu ses vêtements enflammés sur elle.
1000 quintaux métriques de foin, 6200 gerbes de blé seigle, presque tous les outils et le mobilier des malheureux habitants de ce village ont été également détruits par l'incendie. On évalue la perte à plus de 80 000 francs deux ou trois maisons seulement étaient assurées.
Ce sinistre a plongé dans la misère environ 20 familles car ces infortunés furent dans la nécessité de vendre leurs bestiaux pendant environ deux ans.
Il leur fut impossible d'engraisser [1] leur terrain.
Monsieur PUYCHAFFRET curé de la paroisse de FOLLES et Monsieur VERNY maire de la commune passèrent de suite ensemble dans toutes les maisons de la paroisse et firent appel aux communes limitrophes de FOLLES qui furent très généreuses, Messieurs les curés de ces paroisses firent preuve d'un zèle admirable. Des pétitions furent adressées à son Excellence Monsieur le Ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et une autre à sa Majesté
L'Empereur.
Toutes les démarches réussirent parfaitement et il est certain que les incendies du village de La Villette ont reçu environ 10 000 francs.
La compagnie du Chemin de Fer du Centre fit don de mille francs. On ne peut passer sous silence le dévouement de Monsieur ROGUE de FURSAC, il a un cœur chrétien, de ce cœur en est sortie une charité admirable. On en peut dire de même de tous les notables des environs jusqu'à Monsieur DE LEOBARDY du Vignaud de LA JONCHERE.
A sa majesté NAPOLEON III empereur des Français, tous les habitants du village de La Villette commune de FOLLES, Haute Vienne réunis le Jour de l'An 1er janvier 1857 sur leurs ruines incendiées vous prient d'agréer leur très vive reconnaissance au sujet du secours que vous leur avez accordé et qui leur a été très utile dans leur malheur. Ses gens de la campagne ont l'habitude d'accompagner de quelques dons leurs souhaits de bonne année, cela nous est impossible, nous en sommes contrariés. Mais nous offrons à notre Empereur nos bras, nos cœurs et nos vies.
Folles, le 1er janvier 1857
Les habitants de La villette ont reçu à l'occasion de leur incendie :
- Une remise d'impôts fonciers. 3 080frs
- Secours par Monsieur le Ministre de l'Agriculture…. 2 634frs
- Don de la Compagnie du Chemin de Fer…. 1 000frs
- Quête des communes limitrophes…. 1 155frs
- Don de l'Empereur au sujet du don de bonne année…. 700frs
Total. 8 569frs
Incendie à Lavaud-Montjourde
Dans la nuit du 21 au 22 février 1865, vers sept heures du soir, on reconnut depuis le bourg de FOLLES que le feu était au village de Lavaud Montjourde, l'incendie paraissait considérable, on fit sonner le tocsin. De tous les côtés, on arrive au dit village pour lui porter secours. Monsieur le Curé, les notables, les gendarmes, tous sont pleins de dévouement. La maison, la grange, les étables de François GAULIER sont tout en feu.
La flamme gagne chez la veuve RAMIGEON et chez GROSSET. Pendant plus de trois heures de temps le brasier de la maison GROSSET alimenté par beaucoup de bois et de blé a donné les plus vives inquiétudes, le vent étant venu par deux fois le soulever, on a vu les étincelles et les brandons s'abattre sur les maisons de tout le village. La neige qui tombait et les surveillants placés sur les toits ont pu prévenir un incendie général.
Qu'on se figure le désastre qui aurait eu lieu si le feu avait pris du côté de JOUANNY MONTAGNIER. Enfin, avec tous les bras des habitants des villages limitrophes, de Lavaud, on a pu se rendre maître du feu et chacun a bien fait son devoir en restant constamment à la chaîne malgré le froid, la pluie et la neige.
Après quelques jours de là, on a su qu'il était survenu des indispositions de santé, c'est le cas de dire, un malheur en amène toujours un autre. Heureux quand on peut rencontrer une âme charitable qui vient adoucir la plaie. C'est ce qui a été fait par Monsieur le baron Louis DE FROMENTAL en donnant aux incendiés trente jolis arbres qui ont servi pour la charpente, solives, chevrons etc.… et de plus, 25 double décalitres de blé. La mémoire de Monsieur DE FROMENTAL sera la bénédiction dans le dit village de Lavaud Montjourde et dans toute l'étendue de la paroisse de FOLLES.
Tous les voisins ont été charitables. Les maisons détruites ont été réédifiées, couvertes à tuiles et leurs nouvelles dispositions sont bien mieux qu'auparavant.
On n'a pu savoir d'où provenait l'incendie.
PUYCHAFFRET, curé de FOLLES
Transcription Renée BURGUIERE
D'après les registres de catholicité de la paroisse de Folles