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Bières de campagne

La Haute Vienne compte désormais deux micro-brasseries artisanales sur son territoire, Guy Paraud nous fait découvrir sa production à Gorre et Eric Martialot nous reçoit à Filles, deux bières bien différentes, mais qui sont le fruit d'une même passion.

L'après-midi débute par une belle promesse : découvrir et déguster la "Cerva d'oc", nouvelle bière artisanale, brassée à Gorre. En route donc pour le lieu-dit du Mas-Buisson, au pays des feuillardiers, Dans le hameau, une petite pancarte "bière" rassure : on touche au but. Guy Paraud nous accueille dans son domaine. "Vous entrez ici dans une ancienne bergerie, explique-t-il. Avant de me lancer dans l'aventure de la brasserie, j'étais en effet éleveur de moutons. Mais mon exploitation était devenue trop petite pour être rentable. Alors j'ai songé à la reconversion." C'est pourtant bien le hasard qui mène Guy à la bière. Un ami l'initie en effet à l'art de la brasserie et ils élaborent ensemble leurs premières blondes. " Je n'étais pas alors amateur de bière, mais j'ai commencé à acheter et goûter des bières artisanales. J'ai trouvé que la nôtre n'était pas mal en comparaison." L'aventure commence alors réellement. 8 à 9 mois de travaux, que Guy réalise lui-même, sont d'abord nécessaires à la reconversion de la grange en brasserie : aménagement d'une chambre froide, d'une pièce chauffée pour la fermentation du breuvage, d'un espace de stockage. Il faut ensuite acheter le matériel : cuves d'occasion, pompes, fûts, bouteilles pour le conditionnement... "Après seulement, j'ai pu commencer la fabrication. Je me suis quand même heurté à une difficulté : trouver la matière première. Il y a peu de malteries en France, je suis donc obligé d'acheter le malt en Belgique. Maintenant, je fabrique 10 000 litres de bière par an, de la blonde, de l'ambrée, de l'ambrée aromatisée et de la brune. Pour me faire connaître, je fais les marchés, j'organise des journées portes ouvertes et je compte aussi sur le bouche à oreille, surtout hors saison estivale."

Pour nous, la visite continue : le concassage du malt, les différentes étapes de fabrication, les ingrédients utilisés... On a droit à un véritable cours sur l'art de brasser, avant de passer à l'étape dégustation. On goûte une bière douce et bien parfumée, peu alcoolisée - 5,2° pour la blonde, 5,5° pour l'ambrée. "En cette saison, je me consacre pleinement à la fabrication afin de remonter les stocks, poursuit Guy, car l'été dernier, j'ai eu du mal à fournir. Beaucoup de touristes sont en effet venu visiter ma brasserie, et le produit a dû leur plaire car il s'est bien vendu !"

La bière de Folles primée au " salon des brasseurs "

On souhaite à Guy Paraud la même réussite pour cette année. Pour l'heure, nous partons pour Folles, à la découverte de la Brasserie du Haut-Limousin et de sa "Lémovice". A Coulerolles, Eric Martialot nous accueille le sourire aux lèvres. Une bonne nouvelle vient en effet de tomber : sa bière blonde de fermentation haute à reçu le "Fourquet de bronze" au Salon du brasseur de Saint-Nicolas-de-Port. "C'est une référence dans la profession, s'enthousiasme-t-il ! Près de 150 brasseurs étaient en lice. C'est une belle reconnaissance." Et que de chemin parcouru ! Eric est en effet autodidacte. " J'ai appris en lisant des bouquins et avant de m'installer, j'ai brassé en amateur pendant plus de 10 ans. Mais peut-être que la passion de la bière était dans mes gènes, car ma grand-mère brassait déjà pendant la guerre." Quoi qu'il en soit, la passion était suffisamment forte pour pousser Eric à démissionner de son poste de fonctionnaire à la mairie de Limoges et se lancer dans l'aventure en 2003. " J'ai acheté une cuve anglaise et modifié des tanks à lait pour la fabrication de la bière. J'ai ajouté un moteur électrique sur un vieux concasseur à grain. Après, il ne restait plus qu'à produire : la bière, ce n'est que de l'eau, du malt et du houblon. Personnellement, comme je trouve ça un peu fade, je rajoute des épices et aromates divers : houblon sauvage ramassé sur les bords de la Gartempe, pommes, mûres, myrtilles, fleurs d'acacias, racines... Je fabrique une bière relativement forte, entre 6,5° et 9°, qui n'est pas faite pour désaltérer, mais qui a du goût. Elle plaît d'ailleurs plus aux belges qu'aux anglais ou allemands qui ont l'habitude de bières très légères, consommées en grande quantité. Pour ma part, je produis 160 hectolitres à l'année et je compte passer à 210. Les affaires marchent plutôt bien !" On passe facilement une heure dans la petite brasserie d'Eric, tant l'homme est passionné et passionnant. Lui aussi s'attarde sur la méthode de fabrication des différents types de bière, en gardant toutefois quelques composants secrets. On croquera même un peu de malt plus ou moins torréfié pour bien sentir les différences de goût que l'on retrouvera ensuite dans le produit fini. La visite se termine, là aussi, par une séance dégustation. Sur les conseils d'Eric, on se laisse tenter par une blonde aromatisée : une réussite.

Où acheter ?

Vous trouverez la "Cerva d'Oc" sur les marchés et foires artisanales, principalement sur l'ouest du Département ou directement à la brasserie. Guy Paraud ouvre en principe tous les jours. L'été, des visites guidées avec dégustation sont organisées. Adressez-vous à l'office de tourisme de Saint

Laurent-sur-Gorre. La Cerva d'Oc est vendue 1,80 € les 33 cl et 3,60 € les 75 cl.

Quant à la "Lémovice", on la trouve également sur les foires

artisanales du département. Elle est aussi vendue par certains

cafés et restaurants du secteur. Eric Martialot organise aussi des visites guidées sur demande. Enfin, vous pouvez bien sur acheter sur place : comptez 1,70 € la bouteille de 33 cl et 3,40 € les 75 cl.

La Cerva d'Oc, Le Mas Buisson, 873 10 Gorre.

Tél. 05 55 39 17 96.

La brasserie du Haut-Limousin, Coulerolles, 87250 Folles.

Tél. 05 55 71 51 82.

La bière artisanale ne se fabrique pas qu'à la campagne, on en trouve aussi à Limoges. La Brasserie Saint Martial produit en effet un panel complet : blanche, blonde, ambrée ou brune sont à déguster sur place ou à emporter. Brasserie artisanale Saint-Martial,
8 place Denis-Dussoubs à Limoges.

Article paru dans Haute Vienne le magazine N°94 de Mars 2007