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Pageas : le Mas Nadaud

PAGEAS

Le Mas NADAUD

 

 

 

Une résidence aristocratique d'origine médiévale

 

Le Mas Nadaud est un habitat nobiliaire [1] qui existait avant le milieu du XIIIème siècle. Il s'agissait alors d'une résidence « aux champs » de l'une des familles de chevaliers (milites castri) du castrum de Châlus.

 

Cette résidence aristocratique est représentative de la fin du Moyen-Age et de l'Ancien Régime en Limousin et Périgord. En effet, les vestiges aujourd'hui conservés s'échelonnent de la fin du Moyen-Age à l'époque moderne. Un premier logis rectangulaire, comprenant une cave desservie par une vis [2] , semble constituer le noyau du manoir gothique (XV ème siècle ?).

 

Cet édifice est transformé (vers 1480-1530) en un logis en « L » , muni d'une tour d'escalier en vis hors-œuvre [3] , de plan carré, à l'intersection des deux ailes. Cette tour d'escalier devait certainement dominer le logis, et elle semble avoir perdu un étage. L'écu [4] surmontant la porte d'accès n'est plus lisible aujourd'hui. A l'intérieur sont conservés de belles poutres sculptées, trois belles cheminées gothiques en place, et des fenêtres jadis à croisée [5] .L'angle nord-ouest du logis était flanqué d'une tour ronde (déjà ruinée en 1815, mais encore visible vers 1900).

 

Durant les guerres de Religion (vers 1550-1630), le site s'est agrandi et a été pourvu :

 

-          d'un puissant pavillon à mâchicoulis [6] (détruits vers 1930 pour être vendus)

-          d'une extension du logis à l'est, terminée par une tour ronde (aujourd'hui disparue) et par une échauguette [7]

-          d'une grange éclairée par plusieurs fenêtres-soupiraux (avec les grilles d'origine) et flanquée d'une tour ronde au sud-est

 

On sait que le château a été fortement endommagé durant l'été 1751 par une tempête : la façade est (côté cour) a alors été complétée par un petit avant-corps (la date de 1751 figure au dessus de la porte).

 

A l'emplacement de l'actuelle stabulation (propriété voisine) était située une importante bâtisse, datable des XVI-XVIIe siècles, avec une tour ronde (au nord-ouest), effondrée en 1994, et peut-être une autre au sud-ouest.

Une histoire désormais mieux connue

 

Grâce aux archives du château (avec des parchemins remontant à 1297), on peut restituer les grandes lignes de l'histoire du Mas-Nadaud. Le repaire [8] est mentionné au début du XIVe siècle, mais la famille de ses seigneurs (les de Manso) est signalée dès la fin du XIIIe siècle.

 

Le premier seigneur connu est Aymeric du Mas, chevalier, attesté de 1283 à 1317 (l'histoire du dénommé Jean Nadaud, docteur en lois, soi-disant maître du Mas-Nadaud en 1296 est une légende). En 1354 et en 1366, son petit-fils, Aymeric se dit « du Mas-Nadaud » (de Manso Nalalis) pour la première fois.

 

Puis, par mariage, la terre passe aux mains des Fougerac, seigneurs du Mazaubrun, vers 1430. Ces derniers restent maîtres du Mas-Nadaud jusqu'au début du XVIe siècle. Par mariage encore, la seigneurie passe alors entre les mains des Coustin, seigneurs du Chassaing (commune de Saint-Vitte sur Briance), qui s'installent pour près de deux siècles au Mas-Nadaud et font édifier l'essentiel des structures aujourd'hui visibles.

 

Un inventaire de 1601 décrit l'ensemble du mobilier présent au château : on remarque 4 arquebuses, 2 mousquets, 2 pistolets, des tapisseries « de Felletin », des couettes « de Catalogne », de nombreux lits. La chambre du seigneur a longtemps conservé son superbe lit à baldaquins sculpté (torsades ajourées) et des boiseries de style Louis XIII. Les seigneurs du Mas-Nadaud possédaient aussi leur propre chapelle au château (déjà mentionnée en 1317), en plus de la chapelle funéraire en l'église de Pageas. En 1753, on signale « une forge à fer en ruine » dans un pré vers Pérignac.

 

En 1781, François-Annet de Coustin est marquis du Mas-Nadaud, comte d'Oradour, baron de Saint-Bazile (ses descendants vivent aujourd'hui à Paris). Avec les évènements révolutionnaires le Mas-Nadaud ne fut plus habité durant quasiment tout le XIXe siècle, avant de sortir du patrimoine des Coustin en 1921.Plusieurs propriétaires se sont succédés au cours du XX e siècle, jusqu'à l'achat du site par le Parc naturel régional Périgord-Limousin en juillet 2004.

 

 

 

Renseignements fournis par

Christian REMY, chercheur associé du

Centre d'Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale

(CESCM-FRE 2792) de l'université de Poitiers.

 

Extrait de la plaquette

« Le Mas-Nadaud, future maison du parc régional Périgord-Limousin »

éditée à l'occasion des journées du patrimoine des 18 et 19 septembre 2004.

 

 



[1] Nobiliaire : relatif à la noblesse

[2] Vis : escalier à vis, escalier en colimaçon

[3] Escalier hors-œuvre : escalier qui déborde du bâtiment qu'il dessert

[4] Ecu : ici, écusson triangulaire sur lequel était peint le blason du seigneur

[5] fenêtre à croisée (ou à meneau) : fenêtre munie d'un montant et d'une traverse de pierre compartimentant la baie.

[6] Mâchicoulis : couronne de pierres disposée au sommet d'une muraille pour accueillir le chemin de ronde en encorbellement.

[7] Echauguette : petite tourelle en encorbellement, placé à l'angle d'un bâtiment .

[8] Repaire : habitat nobiliaire secondaire ayant peu de pouvoirs seigneuriaux



27/12/2006
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